Droits de douane américains : un choc mondial et un essor des assurances de risques politiques
Les surtaxes douanières, un nouvel outil géopolitique
Dès 2018, l’administration Trump a rompu avec les conventions du libre-échange en imposant des surtaxes douanières massives à ses principaux partenaires commerciaux.
Ces droits de douane américains, maintenus et même renforcés par la suite, ont profondément redéfini les règles du commerce international. Ils ne constituent plus de simples ajustements tarifaires, mais s’imposent désormais comme une véritable arme diplomatique au service des intérêts nationaux.
La portée du phénomène est telle que la Cour suprême des États-Unis examine actuellement la légalité de certaines de ces mesures, s’interrogeant sur l’étendue des pouvoirs présidentiels en matière de taxation des importations au nom de « l’urgence nationale », conformément à la loi de 1977 sur les pouvoirs économiques d’urgence internationaux (IEEPA). (Lien pour plus de détails ici)
Cette « weaponisation of trade » bouleverse les chaînes d’approvisionnement mondiales, accroît l’incertitude et expose les entreprises à des risques économiques, géopolitiques et financiers inédits.
Dans ce contexte, il devient crucial pour les acteurs économiques de repenser leur stratégie de gestion des risques -notamment en envisageant une assurance contre les risques politiques, afin de sécuriser leurs investissements et leurs opérations face à des décisions souveraines imprévisibles.

Conséquences économiques mondiales : un choc durable
Selon l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), la croissance du commerce mondial devrait finalement atteindre 2,4% en 2025, mais ralentir à 0,5 % en 2026. Fait assez rare, l’OMC a modifié plusieurs fois cette année ses estimations en raison des incertitudes liées aux droits de douane américains. Selon Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’OMC, il est difficile de « parvenir à des conclusions tellement il y a d’incertitudes ».
Malgré ce contexte tendu, le Fonds Monétaire International (FMI) anticipe une croissance mondiale de 3,2 %, en ralentissement par rapport à 3,3% en 2024, néanmoins preuve d’une certaine résilience.
Mais cette résistance ne suffira pas à éviter la hausse des défaillances d’entreprises, estimée à +6 % en 2025 et +3 % en 2026, après une explosion de +10 % en 2024.
Les entreprises françaises en première ligne face aux droits de douane américains
Les exportateurs français sont particulièrement exposés aux effets de cette guerre commerciale.
Les secteurs clés tels que l’aéronautique, les vins et spiritueux, le luxe, et la pharmacie sont directement concernés par la variation des droits de douane américains.
En parallèle, la réorientation des exportations chinoises vers l’Europe intensifie la concurrence, tirant les prix vers le bas et fragilisant davantage les marges.
Ces tensions s’ajoutent à une conjoncture déjà difficile :
- Fin des aides post-Covid,
- Remboursements des prêts garantis par l’État (PGE),
- Retour des procédures de recouvrement de l’Urssaf et du fisc,
- Croissance économique atone et consommation en berne,
- Instabilité politique et financière,
- Dégradation de la note de la France par les agences de notation.
Aussi, les entreprises exportatrices françaises subissent une double peine : un environnement économique moins porteur et des vents contraires sur les marchés extérieurs du fait des guerres commerciales.
Leur risque crédit s'en trouve donc accru, d'où la nécessité de réfléchir à de nouveaux outils de gestion de ce risque.

L’assurance de risques politiques et crédit : un bouclier stratégique
Si les variations de droits de douane ne sont pas directement assurables, leurs conséquences économiques le sont : défauts de paiement, annulations de contrats, appels abusifs de cautions, etc.
Dans ce contexte, l’assurance de risques politiques et crédit s’impose comme une solution stratégique pour sécuriser les flux financiers et préserver la compétitivité des entreprises.
Le rapport Howden 2025, Opportunity in Flux, met en lumière ce regain d’intérêt : les entreprises cherchent à rassurer les investisseurs et à faciliter l’accès au financement, tout en se protégeant contre les chocs géopolitiques.
Une demande d'assurance en forte croissance
Les chiffres du rapport Howden confirment la tendance et démontrent que la guerre commerciale mondiale agit comme un catalyseur pour le marché des assurances spécialisées, désormais au cœur de la gestion des risques internationaux.
Ajustement des couvertures politiques actuelles
Parmi les entreprises déjà assurées contre les risques politiques, 32 % prévoient d’augmenter légèrement leur couverture et 9% prévoient une augmentation importante de leur couverture en raison de l’évolution des droits de douane, tandis que 47% maintiendront leur niveau actuel.
Intérêt croissant pour l’assurance
Chez celles non encore assurées, 30 % envisagent la souscription d’une police de manière marginale, tandis que 18% envisage un investissement important.
Anticiper, couvrir et sécuriser ses flux
Les surtaxes douanières américaines ne sont plus un phénomène conjoncturel, mais un élément structurel du nouvel ordre économique mondial entre protectionnisme et rivalités géopolitiques.
Dans un environnement où le commerce devient une arme géopolitique, la question n’est plus : « Faut-il s’assurer ? » mais plutôt : « Comment optimiser sa couverture ? »
L’assurance de risques politiques et crédit devient un pilier de la résilience pour les entreprises exportatrices, leur permettant de protéger leurs marges, d’anticiper les crises et de continuer à se développer à l’international.
Découvrez comment nos solutions d'assurance peuvent sécuriser vos opérations à l'international
Contactez notre expert :

Didier Seigneur

Didier Seigneur
Directeur des Lignes Financières et Crédit
Après 2 années passées chez Gerling America Insurance CY à New-York sur de la souscription en Responsabilité Civile, Didier rejoint le courtier Aon Mergers & Acquisitions Paris comme sous-directeur pour développer les produits Assurances Garantie de Passif et Tax Opinion. En 2002, il rejoint AIG Europe Limited France pour différents postes de management sur les garanties Risques Financiers. Après avoir pris la direction des Risques Financiers de AIG France en 2010, il prend également en 2014 la direction du même département pour la Belgique, le Luxembourg et la Hollande.
En 2014, il se lance dans l’entrepreneuriat et participe à l'acquisition du Cabinet CRF Assurances. 7 années passionnantes plus tard, Didier poursuit sa carrière en qualité de Directeur Général Adjoint de CRF Assurances et Directeur des Lignes Financières au sein Howden France.




