Assurance des institutions financières : vers une nouvelle cartographie des risques
Un environnement instable qui redéfinit les règles du jeu
Les institutions financières évoluent aujourd’hui dans un environnement marqué par une instabilité croissante.
Cette instabilité résulte de la combinaison de plusieurs facteurs :
- Tensions économiques liées à la volatilité des marchés et aux incertitudes macroéconomiques.
- Risques géopolitiques qui perturbent les échanges et accroissent la complexité des opérations internationales.
- Pressions réglementaires imposant des exigences de conformité toujours plus strictes.
Ces éléments créent un contexte où la gestion des risques devient un enjeu majeur. Conséquence directe : une augmentation significative des notifications de sinistres. Cette tendance, loin d’être ponctuelle, s’inscrit dans la durée et transforme progressivement le paysage assurantiel des institutions financières, obligeant les acteurs à repenser leurs stratégies de couverture et leurs modèles de gestion.

Pourquoi les notifications augmentent malgré des conditions de marché attractives
Nos experts Howden observent une hausse notable des notifications, alors même que le marché demeure attractif – baisse des taux, élargissement des garanties…
Cette tendance s’explique par plusieurs facteurs :
- Plaintes d’investisseurs,
- Mises en cause de la performance,
- Enquêtes réglementaires et,
- Emergence de nouveaux risques.
Les crises successives – Brexit, guerre en Ukraine, COVID-19 – ont laissé des traces durables dans les portefeuilles, notamment immobiliers, générant des tensions persistantes.
Les sociétés de capital-investissement et de capital-risque, historiquement moins exposées, dépassent désormais les gestionnaires d’actifs en volume de notifications.
Ces évolutions sectorielles reflètent une plus forte vulnérabilité des portefeuilles à la volatilité macroéconomique et aux exigences réglementaires. Elles traduisent également un changement de paradigme : les risques s’étendent désormais à des structures plus petites, plus agiles, mais souvent moins préparées à l’intensité des contrôles.

Sinistres en gestion d’actifs : comprendre les origines pour mieux se protéger
Les sinistres dans la gestion d’actifs trouvent leurs origines chez divers acteurs de l'industrie : lanceurs d’alerte, co-investisseurs, régulateurs, employés, victimes de fraude… Ils reflètent les tensions qui traversent l’écosystème financier.
Les garanties les plus sollicitées restent la Responsabilité des Dirigeants et la Responsabilité Professionnelle, protégeant les sphères de gouvernance et de décision.
En 2024, les motifs les plus fréquents sont :
- Manquements aux devoirs fiduciaires
- Négligence
- Violation de mandat
- Mises en cause dans des mandats externes
- Enquêtes réglementaires
Des pertes financières en forte progression
Depuis 2022, les montants payés par les assureurs ne cessent d’augmenter. Les hedge funds concentrent les paiements les plus élevés sur le court terme, tandis que le capital-investissement s’inscrit dans une dynamique plus longue, mais potentiellement plus lourde.
L’inflation des coûts de défense, notamment des honoraires juridiques (+6,5 % en 2024), accentue la pression financière. Les sinistres dits « long tail », dont le règlement s’étale sur plusieurs années, pèsent de plus en plus lourd sur le portefeuille des assureurs. Cette évolution de la gestion des sinistres dans le temps complexifie la gestion des risques et impose une vision stratégique de long terme, tant pour les assureurs que pour les entreprises assurées
Un paysage des risques en pleine mutation : 5 menaces à surveiller
Le paysage des risques ne cesse d’évoluer et de se complexifier. De nouvelles menaces redessinent les priorités assurantielles :
- Cybercriminalité
Fraudes par ingénierie sociale (usurpation d’identité, piratage, faux ordres de virement) en forte hausse. L’IA générative ouvre une nouvelle ère de manipulation, capable d’imiter voix, images et textes avec une précision troublante. Un risque transversal qui exige une vigilance accrue et une adaptation constante des dispositifs de prévention. - Dette privée
Alternative aux financements bancaires traditionnels depuis la crise financière 2008, elle attire des capitaux mais expose à des risques juridiques et opérationnels complexes : manque de transparence, structures contractuelles variées, pression sur les rendements… Autant de facteurs créant une nouvelle sinistralité, notamment en cas de défaut ou de litige entre les parties prenantes. - Intelligence artificielle
Son intégration dans l’investissement, la conformité et la relation client soulève des enjeux majeurs : protection des données, biais algorithmiques, responsabilité des décisions automatisées, cyberattaques. Autant de sources potentielles de litiges. - Pratiques RH
Dans les pays anglo-saxons, les sinistres liés à la discrimination et aux manquements progressent. Les régulateurs renforcent leur contrôle sur la diversité et l’inclusion, faisant du risque RH un enjeu stratégique mêlant éthique, gouvernance et réputation. - Greenwashing et ESG
La réglementation se durcit. Les régulateurs imposent labels et transparence, sanctionnant les allégations trompeuses. Ce risque, à la fois réputationnel et réglementaire, oblige les acteurs financiers à calibrer leur communication et leurs produits.
Lire les signaux faibles : la clé pour sécuriser vos actifs
Dans un paysage volatile, les gestionnaires d’actifs doivent renforcer leur vigilance et adapter leurs stratégies de couverture. Si les enquêtes réglementaires semblent en baisse (36 en 2023 contre 30 en 2024 selon l’AMF), cela traduit un changement de méthode : les régulateurs privilégient désormais les contrôles SPOT et les dispositifs de supervision, plus ciblés et potentiellement plus contraignants.
L’assurance ne se limite donc plus à la protection : elle devient un levier stratégique face à un monde financier en constante mutation. Elle exige une lecture approfondie des signaux faibles, une capacité d’anticipation et d’adaptation et une prise en compte active des risques émergents.
Dans ce contexte, le rôle du courtier devient déterminant pour vous assister dans la lecture de vos risques et choisir les partenaires assureurs capables de vous accompagner sur le long terme.
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Marc de Neuville

Marc de Neuville
Directeur du Secteur Institutions Financières
Avant de rejoindre Howden, Marc a travaillé pendant plus de 11 ans dans le secteur bancaire et financier. Il a commencé sa carrière à la Société Générale (Juriste produits dérivés), puis a passé 8 ans chez Royal Bank of Scotland (Juriste produits dérivés puis négociateur sur le risque de contrepartie puis relationship banker FI), avant de rejoindre les équipes de ETI Finance (Senior Advisor). Marc a ensuite été recruté par Chubb Europe comme Souscripteur Risques Financiers Grands Comptes puis a rejoint Verlingue comme Directeur de Clientèle.
Il est un spécialiste des risques financiers et coordonne l’équipe sectoriel en apportant sa connaissance du bilan des banques et des assureurs ainsi qu’une expertise reconnue dans l’écosystème des fonds d’investissements et des foncières.


