PLFSS 2026 : l'essentiel des mesures
À l'occasion de ses 80 ans, la Sécurité sociale est confrontée à des défis majeurs menaçant la pérennité de son modèle : le vieillissement de la population, la baisse de la natalité et un déficit structurel grandissant. Le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) proposé pour 2026 souhaite ramener le déficit de 23 milliards d’euros en 2025 à 17,4 milliards d’euros en 2026, avec un retour à l’équilibre projeté pour 2029.
Santé & Prévoyance
Si l’objectif reste de garantir une qualité de soins, un effort de 7,1 milliards d’euros est demandé en 2026 afin de maîtriser les dépenses de santé. Pour cela, les mesures suivantes ont été avancées :
Doublement du montant des participations forfaitaires et des franchises :
Elles s’élèveraient en 2026 à 2€ par boîte de médicaments, 4€ par acte médical, 8€ pour le transport sanitaire avec un plafond annuel de 100€. Cette mesure ne concernera pas les mineurs, les femmes enceintes et les bénéficiaires de la Complémentaire Santé Solidaire.
Limitation de la durée initiale des arrêts de travail :
Aucune durée maximale d’arrêt maladie n’est prévue à ce jour malgré l’existence de fiches repères, publiées par l’Assurance maladie après avis de la HAS, qui mentionnent les durées indicatives d’arrêts de travail. Le projet propose de réguler les possibilités de prescription des arrêts de travail par les professionnels de santé, pour limiter par principe la primo-prescription à 15 jours en ville et 30 jours à l’hôpital. Elle précise également que les motifs de l’arrêt doivent figurer sur l’avis d’arrêt de travail, à des fins de contrôle par l’assurance maladie.
Réforme du dispositif ALD (Affections de Longue Durée) :
De nouveaux parcours de prévention sont évoqués pour les patients susceptibles de développer une durée ALD, incluant des prestations non remboursées comme l'accompagnement à l'activité physique ou la diététique. À cette occasion, les critères d’admission en ALD seraient également revus par la Haute Autorité de Santé. De plus, il est suggéré de supprimer les règles dérogatoires en matière d’indemnités journalières aujourd’hui permises par le régime d’ALD dites « non exonérantes » Les assurés atteints d’une affection qui nécessite une interruption de travail d’au moins six mois, mais qui n’est pas reconnue comme une ALD exonérante, se verront appliquer les règles de droit commun en matière d’indemnités journalières (IJSS 360 jours maxi sur 3 ans).
Accidents du Travail et Maladies Professionnelles (AT-MP) :
Le projet propose d’améliorer la reconnaissance des maladies professionnelles ainsi que les délais de traitement des dossiers en région. Il est aussi suggéré de limiter la période d’indemnisation de l’incapacité temporaire des victimes d’AT-MP pour un même sinistre à quatre ans. Après l’expiration d’une période déterminée par décret, ces victimes basculeront en incapacité permanente et bénéficieront ainsi d’une règlementation plus adaptée à leur situation.
Baisses de tarifs :
Elles seraient prévues dès le premier trimestre 2026 pour les secteurs jugés excessivement rentables comme la radiothérapie ou la dialyse. Une taxe sur les dépassements d'honoraires serait également mise en place.
Handicap et autonomie :
Le remboursement intégral des fauteuils roulants entrerait en vigueur le 1er décembre 2025. Un investissement de 100 millions d'euros supplémentaires consacré aux formes d'habitat intermédiaires (résidences autonomie, habitat inclusif) pour les personnes âgées serait envisagé.
Lutte contre les déserts médicaux :
Le gouvernement souhaite la création de 5 000 maisons France Santé d’ici à 2027, la création d’un statut de praticien territorial de médecine ambulatoire et l’obligation pour les étudiants en dernière de médecine générale d’effectuer un stage d’un an dans une zone « sous-dotée ».
Santé mentale :
Maintien prévu de la stratégie nationale sur la santé mentale avec un financement de 65 millions d’euros.
Extension du capital décès :
Proposition d'extension aux non-salariés agricoles décédés des suites d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle.

Contribution des complémentaires santé
Une taxation exceptionnelle de 2,05 % sur l’ensemble des cotisations d’assurance santé complémentaires (environ 1 milliard d’euros) serait appliquée aux organismes complémentaires. De plus, les OCAM seraient aussi impactés par les transferts de financement qui se poursuivraient en 2026, par l’extension du champ des participations forfaitaires et franchises médicales, la limitation des durées de prescription et d’indemnisation des arrêts de travail ainsi que la suppression des règles dérogatoires en matière d’ALD.
Enfin, le périmètre des contrats responsables devrait également être revu afin d’en maîtriser le coût et de recentrer les prises en charge sur les prestations jugées les plus efficientes.
Retraites
Gel des pensions en 2026 et sous-indexation à partir de 2027
Dans le cadre d'une "année blanche" pour l'ensemble des prestations sociales, les pensions de retraite ne seraient pas revalorisées en 2026. Pour revenir à l'équilibre, la revalorisation des pensions pourrait être minorée de 0,4 point par rapport à l'inflation entre 2027 et 2030.
Réduction des inégalités hommes-femmes
Afin de réduire les écarts de pension, l’impact du nombre d'enfants serait renforcé dans le calcul du salaire annuel moyen pour les mères. Les majorations de durée d’assurance attribuées pour la naissance d’un enfant pourraient ouvrir des droits à une retraite anticipée pour carrière longue (2 trimestres maximum).
Réforme du cumul emploi-retraite
Le dispositif serait remanié pour mieux cibler les retraités modestes et limiter les effets d'aubaine, notamment en prévoyant un écrêtement de la pension en fonction des revenus d'activité avant 67 ans.
Famille
Congé de naissance :
Un nouveau congé de naissance verrait le jour en 2027. Mieux rémunéré, il durerait jusqu’à 2 mois et pourrait être pris par les parents simultanément ou en alternance.
Allocations familiales :
L'âge de la majoration des allocations familiales serait progressivement relevé de 14 à 18 ans pour les futurs bénéficiaires à partir de mars 2026. Le principe d’universalité de ces allocations serait quant à lui maintenu.
Service public de la petite enfance :
Le déploiement du service se poursuivrait pour offrir une solution de garde de qualité et accessible à chaque famille.

Mesures de financement
Lutte contre la fraude :
En 2023, 2,9 milliards d’euros de fraude ont été évités. Un nouveau projet de loi est prévu afin de permettre une intensification des contrôles.
Contribution sur les compléments de salaire :
Les avantages comme les titres-restaurant, chèques-vacances ou chèques-cadeaux pourraient être soumis à une contribution patronale de 8 %.
Réduction des niches sociales :
Plusieurs dispositifs d'exonération de cotisations devraient être rationalisés, notamment les contrats d’apprentissage, l'aide à la création d'entreprise (ACRE), les entreprises en outre-mer (LODEOM) et les jeunes entreprises innovantes (JEI).
Et maintenant ?
Si le PLFSS 2026 souhaite préserver les piliers fondamentaux du modèle social français, comme l'universalité des allocations familiales ou la protection des plus fragiles, il acte la nécessité de maîtriser drastiquement les dépenses de santé. L'ambition est claire : engager un redressement impératif des comptes pour assurer la viabilité du système pour les générations futures, tout en ouvrant la voie à des réflexions plus larges sur son financement à long terme.
Déposé à l’Assemblée Nationale le 14 octobre 2025, le PLFSS doit être examiné dans un délai de 50 jours. Il est désormais de coutume que le Conseil Constitutionnel soit saisi afin de détecter et censurer les éventuels cavaliers sociaux. Affaire à suivre dans les prochaines semaines...