Cyberattaque chez Jaguar Land Rover : un électrochoc révélateur pour l’industrie automobile mondiale et premiers enseignements
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La cyberattaque qui a frappé Jaguar Land Rover (JLR) le 31 août 2025 restera un cas d'étude majeur.
En paralysant la production pendant plus d'un mois sur ses sites clés (Royaume-Uni, Slovaquie, Brésil, Inde), cet incident a révélé la fragilité systémique de l'Industrie 4.0 et, plus spécifiquement, les conséquences lourdes de la négligence en matière de transfert de risques.
L'attaque, dont l'onde de choc se chiffre en centaines de millions d'euros de pertes (estimées à plus de 10 millions d'euros par jour, et jusqu'à 150 millions d’euros au total), a été menée via une chaîne d'approvisionnement (Supply Chain Attack).
Les détails techniques émergents indiquent une infiltration sophistiquée, initiée non pas par une attaque frontale, mais par le compromis d'un maillon faible : un fournisseur britannique essentiel, Entegra, spécialisé dans la logistique et le séquencement des pièces.
Vecteur d'attaque et failles opérationnelles
L'investigation initiale suggère que les attaquants ont utilisé une campagne d'ingénierie sociale (probablement du vishing) pour dérober des identifiants chez Entegra. Cet accès initial a ensuite servi de tremplin pour exploiter une vulnérabilité connue (CVE-2025-42999) au sein de l'environnement JLR, liée logiciel SAP NetWeaver.
Le ciblage d'un logiciel critique de gestion de production a entraîné un arrêt net des systèmes névralgiques :
- le système de gestion de production,
- les systèmes de la chaîne d'approvisionnement et,
- le gestionnaire de relation client.
Point de situation (Mi-Octobre 2025) :
Suite à plus d'un mois d'arrêt total, JLR a officiellement annoncé une reprise progressive de la production à partir de début octobre, notamment dans ses usines britanniques (Halewood, Solihull). Le retour à une cadence normale reste conditionné à la stabilisation logistique et au rétablissement complet des infrastructures numériques.
L’absence d’assurance cyber : un pari perdu et lourd de conséquences
L’un des faits marquants et instructif de cette crise réside dans l'absence de couverture par une assurance contre les risque cyber adéquate.
Sans indemnisation pour compenser les pertes d'exploitation massives liées à l'arrêt de la production et des frais liés à la gestion de crise et les conséquences légales associées, JLR doit absorber seul le coût financier du sinistre.

Cette carence stratégique fragilise l'ensemble de l'écosystème :
- Répercussions systémiques sur la chaîne de valeur : plus de 1 000 sous-traitants, représentant environ 120 000 emplois indirects, ont été directement impactés, certains se retrouvant en cessation de paiements imminente.
- Intervention étatique inédite : face à ce risque systémique pour l'économie nationale, le gouvernement britannique a dû mobiliser en urgence une garantie de prêt privée de 1,5 milliard de livres sterling (environ 2,6 Md€), via UK Export Finance. Ce renflouement, une première dans le contexte d'une cyberattaque, marque la reconnaissance officielle du cyber-risque comme une menace économique majeure et systémique.
- Impact boursier et stratégique : bien que l’incident cyber ne soit pas la seul raison, Tata Motors, la maison-mère, a vu sa capitalisation boursière chuter de 75 milliards de dollars.
Conséquences pour le Groupe TATA : un signal de résilience obligatoire
Cette crise ne se limite plus à un enjeu informatique. C'est un risque économique, stratégique et social à part entière, qui impose une remise en question profonde des approches traditionnelles de gouvernance.
L'absence d'un transfert de risque vers le marché de l'assurance a forcé l'intervention de l'État, soulignant que, pour les grands groupes industriels, l'assurance cyber n'est plus une option, mais une brique fondamentale de la résilience financière.

5 axes pour penser et agir : la feuille de route stratégique de Howden pour les RSSI
L'analyse technique de l'attaque JLR impose un changement de paradigme pour les responsables de la sécurité de l'information (RSSI) aves quelques enseignements concrets :
Gestion systémique des risques fournisseurs
Gestion des vulnérabilités par priorisation
Détection proactive du mouvement latéral
Sécurité de la convergence IT/OT
L'assurance cyber : pilier de la Résilience Financière
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Alexandre Pavlov

Alexandre Pavlov
Référent Technique Cyber